« C’est vrai qu’il fait un temps superbePour un dimanche de févrierY a ceux qui bronzent déjà sur l’herbeEt ceux qui s’inquiètent des degrés »
Y a plus de saisons, Gauvin Sers
« Y a plus de saisons, ma bonne dame ! », entend -on sur la place du marché
Quelle ne fut pas ma surprise, début janvier en indiquant à un patient le site du RNSA comment se faire adresser, le moment venu, les alertes polliniques de constater que la pollinisation de l’aulne et du noisetier avaient bel et bien débutées, avec un mois d’avance sur les saisons 2021 et 2022. Et ce sur la quasi-totalité de notre pays !
On a pu ainsi attribuer quelques symptômes inexpliqués de janvier chez nos patients sensibilisés aux bétulacées à ce retour précoce des pollens.
« Ce doit être avec tout ce qu’ils nous envoient dans le ciel. » surenchérit-on.
Indéniablement, irrémédiablement, nous observons un réchauffement climatique global.
Dès 1861, le physicien John Tyndall, Professeur à l’Institut Royal de Londres, a démontré grâce à un dispositif expérimental de son invention, lui permettant d’étudier l’absorption du rayonnement thermique par les gaz, la réalité de l’effet de serre et l’incidence qu’aurait une augmentation de la concentration en certains gaz sur le changement de climat.
Si la plupart des gaz atmosphériques sont transparents aux radiations, le CO2, la vapeur d’eau, le méthane, les oxydes d’azote et l’ozone absorbent quant à eux une grande partie des radiations solaires infra rouges, radiations qui transportent une grande énergie thermique.
L’effet de serre naturel avec la présence dans la troposphère, l’une des basses couches de l’atmosphère, d’eau et d’une proportion de CO2 généré naturellement par le volcanisme et les feux de forêt a permis, par l’absorption des rayonnements infra rouges qu’il induit, le maintien d’une température grâce à laquelle le vivant s’est développé et a pu survivre.
Mais les activités humaines, génératrices depuis le début de l’ère industrielles de gaz à effet de serre ont rompues ce bel équilibre, rupture qui conduit de fait à un réchauffement global de notre planète.
Le pollen de bouleau, indicateur du réchauffement climatique
Le réchauffement climatique induit plusieurs modifications dans la floraison et donc dans la pollinisation des espèces. On observe :
Une remontée des espèces vers le nord et en altitude.
Un allongement des périodes de pollinisation : Nous autres allergologues l’observons tout particulièrement pour les pollens de graminées : d’une majorité de patients symptomatiques de mi-mai à mi-juillet, nous sommes passés, pour les patient monosensibilisés (c’est-à-dire sans allergies polliniques autres) à une majorité de patients gênés d’avril à fin septembre, parfois jusqu’en octobre.
Une modification des périodes de pollinisation, particulièrement sensible pour les pollens précoces. Ainsi depuis 1989, le ministère de l’écologie aidé du RNSA mène, dans 6 villes française (Lyon, Montluçon, Strasbourg, Paris, Toulouse et Amiens) un programme de suivi de la pollinisation du bouleau en tant qu’indicateur du changement climatique.
Dans cette étude sont mesurés les températures moyennes de juillet à juin de l’année suivante, correspondant à l’année phénologique du bouleau puis les mesures de l’index pollinique moyen et des températures moyennes, lissés sur 4 années glissantes, pour limiter l’effet des variations perannuelles, sont mis en parallèle.
Mieux vaut un dessin qu’un long discours : Je vous laisse donc observer par vous-même les résultats de cette étude et le parfait parallélisme entre la courbe de températures moyennes et celle de l’index pollinique du pollen de bouleau.
Même si le noisetier et l’aulne n’ont qu’un impact limité sur le risque allergique, force est de se demander quelle sera la suite et si nous devons nous attendre à une saison pollinique explosive.
La suite nous le dira.