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La tribune de Corinne Lepage

Pollution de l’air : stop ou encore ?

publié le 08/09/2020 | par Corinne Lepage

L’effet cumulé de la pandémie covid 19 et des impacts croissants et visibles du dérèglement climatique commencent à se faire sentir dans les politiques publiques de lutte contre la pollution de l’air.

Même si le plan de relance que vient de présenter le gouvernement français ne fait aucune allusion au sujet, un certain nombre de mesures qui sont prévues vont directement dans le sens d’une réduction de la pollution atmosphérique dans les villes et sur le territoire. Qu’il s’agisse du milliard 2 consacré au plan vélo et au renforcement des transports collectifs en ville, des 2 milliards consacrés à l’acquisition de véhicules électriques et hybrides rechargeables pour les particuliers comme pour l’État, des 4,7 milliards consacrés au plan de soutien au secteur ferroviaire , à la restauration des trains de nuit (même si l’objectif est modeste : deux lignes) et au développement du fret, ces investissements ont pour objectif commun la réduction de notre empreinte carbone mais aussi la réduction de la pollution atmosphérique.

Pour autant, le fait que le secteur santé environnementale et en particulier lutte contre la pollution de l’air soit totalement absent du plan, dénote le fait que le lien entre un développement « écolonomique » et la santé humaine n’est toujours pas fait sérieusement ; le coût humain social et économique de la pollution de l’air n’est pas pris en compte et, certaines études commencent à défendre l’idée, appuyée sur des études scientifiques, que les 48 000 morts théoriques annuels de la pollution de l’air sont en réalité comptabilisés sous des pathologies autres comme la grippe qui fait plusieurs dizaines de milliers de morts par an. Dans la mesure où pollution de l’air aux particules fines et nombre de cas de COVID 19 font l’objet a minima de corrélation, voire de lien de causalité, la question des morts de COVID dus à la pollution de l’air peut se poser et par voie de conséquence pourrait enfin entraîner de véritables politiques efficaces.

À cet égard, on soulignera que le fait que la France soit sous le coup d’une condamnation financière à Luxembourg doublée d’une astreinte (10 millions par semestre) à laquelle le conseil d’État a condamné l’État, s’il ne mettait pas en place dans un délai de six mois qui a commencé à courir au mois de juillet les mesures d’exécution de sa précédente décision pour réduire la pollution PM2,5 et dioxyde d’azote, est évidemment un accélérateur. Cependant, la pression économique liée à la très grave crise que nous traversons et les autorisations désormais données aux préfets de déroger aux normes environnementales interpellent sur la réalité des mesures qui seront mises en œuvre.
La situation est donc bien incertaine.

Il est clair que tant que climat , biodiversité et santé environnementale ne seront pas les priorités affichées à la lumière desquelles doivent se construire les priorités économiques, les besoins en termes de formation, les investissements publics et privés, les contradictions auxquelles l’action publique est confrontée resteront flagrantes et conduiront immanquablement au relatif immobilisme auxquels nous assistons depuis plus de 20 ans.

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