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Les insectes, des monstres pas toujours gentils. Nooon l’été n’est pas la paradis pour tout le monde

publié le 07/06/2022 | par Delphine Prince

De présentations et de mécanismes très variés, les réactions aux piqures d’insecte sont l’une des préoccupations de nos patients, à l’approche de la période estivale.

Discutons-en un peu.

Premier motif de consultation (très fréquent mais pas toujours justifié) : les réactions locales étendues aux piqures de  moustiques, taons, araignées et autres insectes pas toujours identifiés…

« Docteur, mon enfant est très allergique aux piqures d’insectes. Il gonfle à chaque fois qu’il est piqué» m’affirment avec inquiétude de nombreux parents.

Les réactions cutanés sont parfois impressionnantes pour le patient et pour son entourage, avec des placards cutanés et un œdème dépassant la dizaine de centimètres, prurigineux, parfois cuisant, encore plus inquiétant pour les personnes concernées lorsqu’il entraine le gonflement d’une articulation adjacente ou lorsqu’il touche la face. La chronologie de ces réactions peut être immédiate ou retardé, avec des réactions parfois très inflammatoires.

Ce qui est décrit plus haut reste d’un point de vue médical sans facteur de gravité et ne nécessite pas  de consultation spécialisée avec l’allergologue.

On s’assurera  de la bénignité de la réaction (voir le chapitre sur les hyménoptères)

En cas de signes de gravité, bien que les réactions sévères et en particulier anaphylactiques soient rarissimes, hors piqures d’hyménoptères, il peut être indiqué de prendre l’avis d’un allergologue.

Le mécanisme peut être allergique, avec une synthèse d’IgE vis-à-vis de certains antigènes salivaires du moustique en particulier. Il est le plus souvent d’origine inflammatoire lié à la libération de médiateurs vasoactifs présents dans la salive de l’insecte et nous sommes alors ici à la limite de la réaction normale.

Le diagnostic : l’allergologue ne dispose plus actuellement de réactifs pour tests cutanés. La caractérisation d’un mécanisme allergique ne conduirait pas à modifier la prise en charge.

Que faire pour éviter les piqures ?

Couvrez-vous lors des sorties dans la nature. Entourez votre lit d’une moustiquaire (même si cela fait un peu princesse !). Ne laissez pas d’eau stagnante à proximité, en particulier dans les bacs à plantes. Si vous possédez un bassin décoratif, mettez y des poissons qui se nourrirons des moustiques.

Que faire si j’ai été piqué 

Appliquer un linge humide sur la zone inflammatoire permet de soulager le prurit

Désinfecter le point de piqure 

En cas de prurit rebelle, possibilité d’appliquer une corticoïde local et de prendre un antihistaminique. 

Les hyménoptères : du bénin…au pire

Les hyménoptères, abeille, guêpes, frelons ont un venin allergène.On estime que 3 % de la population risque de développer une réaction générale suite à ce type de piqure, dans l’existence.

Les réactions, souvent bénignes peuvent être très sévères allant jusqu’à menacer le pronostic vital. Le niveau de sévérité de la réaction influence la prise en charge ultérieure.

La réaction locale allergique : Etendue (placard supérieur à 10 cm), indurée, prurigineuse, dure plus de 24 heures. Elle locorégionale, dépassant 2 articulations au  niveau des membres.

Les réactions générales : habituellement classées selon leur gravité en 4 stades (classification de Mueller). Selon leur gravité, elles comportent à des degrés variables :

On y retrouve

Des manifestations cutanéo-muqueuses à distance du point de piqure : prurit, urticaire, angioœdème du visage

Des manifestations respiratoires : oppression, sifflements pouvant témoigner d’un asthme ou stridor (bruit inspiratoire), difficultés à avaler, voix modifiée pouvant témoigner d’un œdème laryngé

Des troubles digestifs

Des manifestations cardio-vasculaires : malaises, chute de la tension artérielle et détresse respiratoire pouvant aller jusqu’à l’arrêt cardio-respiratoire. 

Les réactions les plus sévères (signes cardiovasculaires, signes respiratoires, troubles digestifs sévères et même certains signes cutanés précurseurs d’une réaction anaphylactique tel que le prurit des mains, des pieds et du cuir chevelu) nécessitent l’injection immédiate puis la mise à disposition d’adrénaline sous la forme d’un dispositif auto-injecteur.

En cas de réaction importante, le diagnostic de l’allergie est à confirmer par la réalisation de dosages sanguins et de tests cutanés (sous surveillance, en milieu hospitalier). Les tests ne sont pas à réaliser avant 4 à 6 semaines après la réaction, en raison d’un période réfractaire induisant de fausses négativités. En cas de sévérité des signes : un choc anaphylactique, gêne respiratoire et d’allergie avérée, une désensibilisation est proposée après confirmation du mécanisme allergique. Au cas par cas, la question de la mise en place d’une désensibilisation pour des stades moins sévères peut se poser en particulier si vous êtes apiculteur ou si à chaque piqure, l’intensité des réaction augmente.

Dans cette lettre consacrée aux pathologies courantes rencontrées par l’allergologue de métropole en cette saison  a été volontairement laissé de côté l’énorme problème des maladies infectieuses, le plus souvent virales et souvent sévères (paludisme, dengue, chikungunya …) transmises par les insectes hématophages lors de leur repas sanguins. 

Passez tout de même de bonnes vacances !

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