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Eviction des aéro-allergènes de l’environnement domestique

publié le 01/10/2015 | par arcaa

De nombreuses études ont démontré une augmentation de la prévalence et de la sévérité de l’asthme. Les raisons de cette augmentation ne sont pas totalement connues, mais une charge allergénique accrue pourrait en être partiellement responsable. Pour des sujets génétiquement prédisposés, l’exposition à un allergène est un facteur de risque de sensibilisation, d’hyper réactivité bronchique (HRB) et de symptômes d’asthme. La reconnaissance de ce risque est essentielle. La conséquence thérapeutique qui en découle est que l’éviction des allergènes joue un rôle important dans le traitement de l’asthme allergique. Le développement de nouvelles méthodes de détection des allergènes a permis l’identification précise de leurs sources et réservoirs. Par conséquent les effets d’une réduction des allergènes peuvent être mieux évalués. Les méthodes d’éviction concernent surtout les allergènes d’acariens, des animaux domestiques et des moisissures.

Les acariens
Réservoirs des allergènes
Les matelas ont été décrits comme le réservoir principal des allergènes d’acariens ; le sommier est également un réservoir important. Le contenu en allergènes des sommiers est statistiquement plus élevé (moyenne : 92,6 mg/gramme de poussière) que celui des matelas (moyenne : 38,4 mg/g).
Dans la même étude, le contenu en allergènes dosé dans des échantillons de poussière de moquettes était le même que dans la poussière provenant de sols recouverts de linoléum ou de planchers. Cependant on en trouve aussi sur les chaises et canapés, les vêtements, les jouets en peluche.
Les allergènes d’acariens ont été également retrouvés dans les poussières des crèches et dans différents lieux publics (cinémas, trains) . Il existe une relation entre l’exposition aux allergènes d’acariens et l’acquisition d’une sensibilisation vis-à-vis de ces allergènes. Toutes les personnes ne réagissent pas avec la même quantité d’allergènes. L’exposition aux allergènes d’acariens peut influencer la sévérité de l’asthme.
Pour certains asthmes allergiques aux acariens même une diminution modeste de l’exposition peut provoquer une réduction significative de la sévérité de l’asthme.

Les méthodes d’éviction
L’infestation d’un logement par des acariens est en relation avec le degré d’humidité intérieure et la présence d’objets textiles. Il semble illusoire de vouloir supprimer tous les supports textiles dans le but d’éradiquer les réservoirs d’allergènes d’acariens. En effet, les meubles capitonnés, les tapis et moquettes sont des éléments de bien-être de l’habitat des occidentaux. Cependant, il est possible d’essayer de limiter leur nombre et de les traiter lorsqu’ils sont infestés. Ce sont en effet des réservoirs secondaires d’acariens, les réservoirs primaires étant les literies.
En ce qui concerne l’humidité relative intérieure, la croissance des acariens nécessite plus de 50 % d’humidité relative et une température supérieure à 25 °C.
Réduction de l’humidité relative à l’intérieur des habitations
Les acariens ne supportent pas une sécheresse trop importante de l’air intérieur. Lorsque l’humidité relative atteint un seuil de 45 % pour une température intérieure de 20-22 °C, ils se dessèchent et meurent.
C’est une des raisons pour lesquelles on ne retrouve pas d’acariens en altitude au delà de 1500 mètres, car l’air y est beaucoup plus sec.

L’élimination des réservoirs d’acariens

L’aspiration
Une aspiration classique n’élimine que très partiellement les allergènes d’acariens. Le nombre des acariens a pu être réduit de 5 à 10 % après deux aspirations consécutives et jusqu’à 20 % lorsqu’elle dure 40 minutes. Les aspirateurs avec filtre HEPA (Haute Efficacité pour les Particules Aériennes) libèrent moins d’allergènes dans l’air qu’un aspirateur conventionnel.

Changement de la literie

Si la literie est ancienne, l’idéal est de la changer, Cependant un nouveau matelas sera réinfesté par les acariens en moins de 2 mois s’il est placé sur un sommier infesté, il faut donc tout changer et privilégier un sommier simple à lattes de bois non recouvert de tissu, et un matelas en mousse ou bultex.

Le lavage
Cette méthode peut réduire les concentrations d’allergènes des tissus des meubles et de la literie. Seule l’eau chaude (> 58 °C) est capable de détruire les allergènes d’acariens. Un lavage à l’eau froide avec ou sans poudre à lessiver réduit peu le nombre des acariens vivants de la literie, en revanche, la concentration en allergènes est diminuée de plus de 90 %. L’effet du nettoyage à sec sur les niveaux des allergènes est controversé.

Les purificateurs de l’air
Dans deux études, l’utilisation de filtres HEPA (Haute Efficacité pour les Particules Aériennes) fixés à la tête du lit pendant 4 semaines aurait permis une amélioration clinique d’enfants asthmatiques sensibilisés aux acariens. Les précipitateurs électroniques et les ioniseurs utilisés pendant 6 semaines n’ont pas montré d’amélioration clinique ni fonctionnelle. Cependant une diminution de l’allergène acarien dans l’air a été mise en évidence. Un comité consulté au sujet des purificateurs d’air (filtres HEPA, ioniseurs, électroprécipitateurs) conclut que ces appareils ne peuvent être recommandés comme seuls moyens de contrôle de l’environnement.
Housses anti-acariens
L’efficacité des housses pour matelas à réduire le taux des acariens dans la poussière recueillie à la surface a été démontrée. L’utilisation de la housse comme seule méthode d’éviction est insuffisante. Une amélioration clinique de la dermatite atopique a été obtenue par la pose de housses anti-acariens. Il faut cependant utiliser des housses qui entourent complètement la literie et validées médicalement.

Les acaricides
Il est relativement simple de détruire les acariens dans des conditions de laboratoire ; La plupart des acaricides réduit les populations d’acariens vivants de 65 à 100 %. Cependant, l’utilisation de ces substances dans les maisons a montré que la haute mortalité des acariens obtenue dans les laboratoires n’est pas toujours reproduite sur le terrain. En effet la concentration en allergènes d’acariens de literies très infestées n’est pas modifiée.
Par ailleurs, aucun acaricide à usage domestique n’est pas toxique pour les humains, elle est cependant faible s’ils sont utilisés à des doses habituelles, mais peuvent provoquer irritation oculaire, cutanée, respiratoire.
Les acaricides ne sont donc pas une méthode à privilégier dans des conditions normales d’habitation.

Conclusion :
Pour une lutte efficace contre les allergènes d’acariens, une stratégie globale est nécessaire, en effet, chaque méthode utilisée isolément n’a pas ou peu d’influence.
Il faut donc associer plusieurs techniques : limiter les sources d’acariens, aspirer régulièrement avec un aspirateur avec filtre HEPA, mettre des housses validées sur la literie, laver régulièrement les éléments de literie à 60°, maintenir une hygrométrie faible et une température modérée, enfin l’aération 20 minutes par jour reste le geste principal à ne pas oublier !

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