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Changement climatique : Prévenir les infections virales à transmission vectorielle

publié le 05/12/2021 | par Fabien Squinazi

L’augmentation des températures a pour conséquence l’arrivée de nouveaux vecteurs de virus c’est-à-dire d’organismes susceptibles de transmettre un agent infectieux d’un individu à un autre. C’est notamment le cas du moustique tigre, une espèce exotique qui profite du changement climatique pour coloniser le territoire métropolitain français, étendant son aire de répartition toujours plus au nord. Le vecteur étant présent, les virus pourraient s’implanter en métropole, par exemple les virus du chikungunya ou de la dengue. Il pourrait donc y avoir une augmentation des arboviroses provoquées par des virus transmis à l’homme par des arthropodes (moustiques, tiques…) à partir d’un animal ou d’un individu infecté. 

La chaleur est un facteur aggravant, notamment pour les arboviroses, car elle raccourcit la période entre la contamination et l’infectiosité du moustique. Elle crée une dynamique beaucoup plus rapide des épidémies, puisque le temps qu’il faudra à un moustique pour être infectieux sera plus court. Cela a pu être un élément de l’accélération de l’épidémie de chikungunya à la Réunion en 2005 – 2006. 

On peut craindre aussi que certaines tiques qui n’existent pas, ou très peu, en France, puissent étendre leur aire de répartition géographique. Le virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, un virus extrêmement dangereux, a été identifié en Espagne dans quelques cas d’infections humaines. D’autres maladies virales, comme la fièvre hémorragique de la Vallée du Rift, qui se transmet en partie par les moustiques, sont aux portes de l’Europe, avec des cas détectés en Afrique du Nord. 

Les populations de rongeurs sont également à contrôler car elles augmentent en cas de hausse des températures. Ainsi, des épidémies plus importantes de maladies à Hantavirus transmises par les rongeurs pourraient se déclarer, et s’étendre au-delà du quart nord-est de la France actuellement infesté. 

Le changement climatique a également un impact sur la migration des oiseaux. Ceux-ci sont le réservoir d’un certain nombre de virus, dont les virus grippaux et le virus West Nile (virus du Nil occidental). De par le changement climatique, les oiseaux (et les virus qu’ils transportent) pourraient rester plus longtemps à un endroit, ou coloniser de nouveaux territoires. Des cas de virus West Nile ont été identifiés dans le sud de la France, et il n’est pas impossible, avec les modifications de migration, que le virus puisse s’étendre à d’autres zones géographiques. 

Le réchauffement a aussi un impact sur la pluviométrie. Les inondations et l’eau stagnante peuvent, par exemple, avoir un impact sur les populations de moustiques. Avec des précipitations très importantes, qui vont laver le sol, certaines bactéries sporulées, comme le bacille du charbon, qui sont enfouies dans la terre, peuvent être libérées et créer des cas d’infection chez l’homme et l’animal. 

Afin de ne pas être surpris, comme pour la crise du Covid-19 en janvier 2020, il est fondamental que les programmes de prévention soient dirigés vers les vecteurs avec la surveillance de la diffusion des espèces menaçantes (cartographie du risque) et les traitements, en particulier la démoustication, pour diminuer ces populations. Ces maladies virales émergentes doivent être aussi surveillées car elles ont un potentiel de développement important à cause de leur mode de transmission.  Ces virus sont pour la plupart déjà connus et certains ont même des vaccins, mais leurs caractéristiques peuvent changer. Par exemple, le virus du Nil occidental qui s’est propagé en Amérique du Nord en 1999 était différent de celui retrouvé en Europe ou en Afrique.

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